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L'expert est à ce moment obligé de réinterpréter des descriptions plus ou moins
anciennes. S'il n'a plus accès au spécimen d'origine alors que des moyens
nouveaux d'investigation sont possibles (par exemple une expérimentation sur le
génome qui ne pouvait être prise en compte lors de la première description), la
description s'arrête là. Dans notre application sur les Hyalonema, l'expert a
surtout travaillé à partir de descriptions et de dessins dans des livres anciens, les
spécimens n'étant plus disponibles. Toutefois, les parties du spécimen qui ont
servi à établir les classifications sont d'ordre microscopique : ce sont les spicules
du squelette de ces éponges siliceuses. L'expert M. Levi dispose encore de
certaines de ces préparations.
3)La qualité des appareils de mesure joue sur la précision de chaque
description. Par exemple, en pathologie végétale, si on demande à l'agriculteur
de faire une coupe transversale tout le long de la tiged'un plant de tomate pour
regarder la couleur des vaisseaux, et qu'il ne dispose pas de couteau, soit il ne
répond pas à la question, soit il fait une réponse approximative après avoir
ouvert manuellement avec l'ongle la tige à différents niveaux. Ce bruit dans la
phase de description n'est pas toujours contrôlé à l'arrivée (au moment du
traitement) : il se peut que l'observation comme quoi les vaisseaux sont bruns est
vérifiée au bas de la tige mais pas en haut (il ne pouvait pas le faire sans
couteau).
En systématique, le problème est différent : les biologistes travaillent dans un
environnement propice aux descriptions précises avec des appareils plus ou
moins sophistiqués. Par rapport à l'objectif de classification, les descriptions
effectuées à une date donnée sont supposées complètes, c'est-à-dire avec le
niveau de précision suffisant pour l'objectif fixé. Ce niveau de précision des
descriptions dépend néanmoins de l'évolution des appareils de mesure. Ces
derniers permettent d'affiner certains détails qui peuvent se révéler en
contradiction avec les observations précédentes sur un autre matériel de mesure.
Par exemple, en observant la protoconque (coquille embryonnaire) d'un
mollusque, le biologiste aperçoit des ponctuations au microscope optique lui
faisant penser à des trous d'épingle et il décrit la protoconque comme ponctuée.
S'il observe cette coquille au microscope électronique à balayage, ces "trous"
apparaissent alors comme desbosses et la description se transforme alors en
protoconque pustulée. La description de la protoconque est devenue plus juste en
utilisant un matériel de mesure plus précis : l'aspect concave des ponctuations
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