|
|
4.4.1 Structuration naturelle
Plaçons-nous dans le cadre d'un domaine quelconque ; par exemple les animaux
de la ferme, domaine pourlequel chacun peut revendiquer le titre de
"spécialiste". Et voyons comment le spécialiste va s'y prendre pour classifier et
déterminer ces animaux.
Première observation : tous ces animaux ont quatre membres, deux à l'avant,
deux à l'arrière. Les membres antérieurs sont soit des pattes, soit des ailes chez
les volailles. On apprend ainsi qu'il existe deux catégories principales, que le
spécialiste dénommera aussitôt Mammifères et Oiseaux (avec des majuscules : on
est dans un domaine scientifique). Ensuite, parmi les Mammifères, le chat et le
chien de la ferme se distinguent en mangeant de la viande. Voilà deux autres
catégories : Carnivores pour eux, Herbivores pour les autres. Parmi les
Carnivores, il y a le Chat qui ressemble au Tigre, et le Chien qui ressemble au
Loup : Félins et Canins. Etc. On voit s'établir de la sorte une véritable hiérarchie
de catégories (ou classes, au sens large du terme), de la plus générale (Animaux)
aux plus particulières (les Espèces, comme Chat, Chien, Cheval etc.). Cette
"systématique" s'appuie sur une hiérarchie de caractères discriminants (la nature
des membres antérieurs, le régime alimentaire, etc.) plus ou moins faciles à
mettre en évidence ; par exemple, sur quoi s'appuie la distinction entre Félins et
Canins ?
C'est le propre du spécialiste de savoir reconnaître du premier coup d'oeil : il est
expert de son domaine. Mais pour comprendre, pour connaître, il a besoin
d'analyser la réalité de plus près. Ce n'est qu'après avoir fait (ou avoir lu) les
descriptions des divers Félins que lui-même (ou un autre spécialiste avant lui)
pourra préciser la définition de la classe appelée Famille des Félidés et dire
qu'elle se différencie, entre autres, par la présence de dents postérieures
tranchantes dites carnassières, là où ne se montrent chez les Canidés donc chez le
Chien que des molaires peu spécialisées.
On peut noter dès ici que la "distinction entre Félins et Canins" relève en fait de
deux approches duales. Dans un sens, celui suivi en classification, on apprend,
par un processus de généralisation, que le caractère "présence de carnassières"
synthétise (on dit : subsume) tout ce qui a pu être observé chez les différents
Félins en matière de dents postérieures. Dans l'autre sens, celui suivi en
détermination, on déduit, par l'analyse du fait qu'il a des carnassières, que
Minou est un Félin et non un Canin. Mais dans les deux cas, il a fallu recourir à
la description des dents postérieures ; c'est ce que nous appellerons une
description locale.
|
|
|