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Chapitre 4

à décrire la denture d'un homme (si nous avons peur de celle du chien), nous voyons bien qu'il existe plusieurs sortes de dents, disons 3 ou 4 sortes selon notre perspicacité. Les plus savants les désigneront d'emblée : incisives, canines, prémolaires et molaires ; mais il n'est nullement nécessaire de connaître leur nom pour les décrire correctement. Il suffit de suivre un sous-modèle commun de description des dents, et de l'appliquer de façon itérative autant de fois que nécessaire (ici 3 ou 4 selon que le descripteur percevra ou non la différence de nature entre les prémolaires et les molaires).

Nous avons en effet vu l'importance du respect du principe d'homologie. Si nous devons comparer dans le détail les dentures du chien et du chat, il faut s'assurer que nous comparons bien les canines (ou "crocs") de l'un avec les canines de l'autre ; sinon, on s'égare. Il faut être conscient du risque d'interprétation (donc de subjectivité) qu'il peut y avoir à s'aventurer dans des "déterminations locales" ; le descripteur, non averti des limites de son savoir, qui désignerait comme des canines les défenses du Morse et celles de l'Eléphant commetrait une erreur, qui par suite le conduirait à comparer des objets non véritablement homologues : les défenses de l'Eléphant sont des incisives modifiées, contrairement à celles du Morse qui sont bien des canines, quoique d'une taille exceptionnelle. Il est vrai qu'il est difficile de se borner à décrire, sans rechercher à comprendre et à apprendre ; mais, paradoxalement, une bonne description ne devrait pas faire appel à l'intelligence, au risque de se trouver biaisée par un modèle mental hélas faillible. En boutade, cela ne désigne-t'il pas les activités de description comme d'excellents clients pour l'intelligence artificielle ?

Une autre situation peut se rencontrer lors des descriptions. Supposons que nous procédions à la description locale de l'inflorescence d'une plante, et que le sous- modèle descriptif correspondant donne comme liste des couleurs possibles blanc, jaune et rouge, et autorise plusieurs réponses (choix multiple). Si nous répondons à la fois blanc et jaune, cela signifie que la couleur est blanc ou jaune, et traduit une imprécision (peut-être une nuance intermédiaire comme un blanc- jaunâtre ?). Pour exprimer que nous observons effectivement les couleurs blanc et jaune simultanément, il faut procéder à deux descriptions locales successives, l'une de fleurs de couleur blanche uniquement, l'autre de fleurs de couleur jaune ; il est en effet fort probable que ces deux types de fleurs ont d'autres caractéristiques qui les distinguent, comme leur localisation au sein de l'inflorescence voire même leur sexe, et qu'elles n'ont pas la même signification organique.

Remarque: Il faut bien distinguer de ce dernier cas la description des associations (de couleur par exemple) bien répertoriées sous le nom de panachures, de mosaïques, etc.. Le fait qu'une feuille soit panachée vert et jaune ne doit pas se traduire par le choix simultané de vert et de jaune, mais par le