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Chapitre 4

4.6.10.1 Au niveau de l'observable

Nous avons déjà eu l'occasion de montrer l'attention qu'il faut apporter au choix des valeurs en liaison avec la sémantique de l'attribut (§ 4.6.5.2.4 sur le choix unique ou multiple d'un attribut).

De plus, l'expert doit prendre garde d'associer les attributs au niveau des bons objets. Considérons les deux descriptions d'objets suivantes :

- couleur de la robe du zèbre = blanc [!]noir
- couleur d'un feu de signalisation routière = orange
[!]rouge

Les associations (objet = robe, attribut = couleur, valeurs = blanc, noir) et (objet = feu, attribut = couleur, valeurs = orange, rouge) sont inappropriées car elles permettent d'obtenir des conjonctions de valeurs qui indiquent la présence simultanée de deux états, ce qui est contraire au principe d'états mutuellement exclusifs. En fait, il ne peut pas y avoir d'ambiguïté sur la couleur si l'on fait porter l'attribut sur l'objet adéquat, à savoir les rayures (ou zèbrures) du zèbre et les spots du feu de signalisation.

On s'aperçoit alors qu'il existe deux sortes de rayures qui ont des couleurs bien définies, que ces rayures ne sont pas spécialisables autrement que par les noms de "rayures blanches" et "rayures noires", alors que pour les feux de signalisation routière, il existe trois sortes bien définies à la fois par la couleur et par la position (en-haut, au-milieu, en-bas).

Le modèle descriptif reflète un état de connaissance à un moment donné, il est censé alors être complet, ce qui permet de le définir comme une monographie de l'observabled'un domaine. La complétude est une qualité attendue du modèle alors que son imprécision est un défaut à éviter. Si le modèle est complet par rapport à un état de connaissances, cela n'empêche pas les connaissances sur les spécimens d'évoluer sous l'effet des nouvelles techniques d'observation. Ces techniques peuvent faire apparaître des erreurs de perception sur les descriptions antérieures qui ont été jugées pourtant précises à l'époque.

Même si l'on a pu constater des périodes de stabilité dans l'histoire des descriptions, les apports de nouvelles techniques sont aujourd'hui considérables : par exemple, l'apparition du microscope électronique à balayage a remis en cause la perception des observateurs utilisant le microscope optique, les techniques génétiques apportent un point de vue nouveau sur les spécimens. Le renouvellement de plus en plus accéléré des techniques met en lumière la nécessité de mise à jour du modèle descriptif et des descriptions. Cela n'ôte rien à l'obligation d'obtenir un modèle de l'observable complet et précis, à l'origine de descriptions robustes.