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Chapitre 4

Décrire peut constituer un objectif en lui-même. L'intérêt de passer, avec une perte d'information minime, du niveau concret à un niveau plus "manipulable" se fait sentir dès que le savoir doit être diffusé. On peut multiplier les descriptions, pas les originaux. Pour un domaine donné, correspondant à un certain groupe naturel particulier, les "échantillons" sont en général disséminés dans de multiples collections, en des lieux divers, ce qui rend leur consultation longue et difficile ; s'il existe des recueils de leurs descriptions, cela revient en quelque sorte à démultiplier leur disponibilité. De plus, certains échantillons sont périssables, ou certains de leurs caractères s'altèrent avec le temps ; les descriptions et les figurations peuvent permettre dans une certaine mesure de pallier les problèmes de conservation.

Mais surtout les descriptions constituent l'un des ingrédients de nombreuses activités scientifiques plus "nobles". Elles constituent en effet des sources d'information, de données ou de connaissances, irremplaçables. L'étude des analogies et des différences entre descriptions est à la base de tous les processus de classification ; et la comparaison d'un objet naturel (concret ou abstrait) avec des descriptions préexistantes sous-tend toute activité de détermination.

On peut dire ainsi que l'on décrit pour, dans un premier temps, accroître les connaissances ponctuelles, et ensuite apprendre la nature à un niveau plus général et mieux la comprendre. De ce double objectif découlent les qualités que l'on doit attendre des descriptions.

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Nous avons vu que la qualité primordiale d'une description est son objectivité, c'est-à-dire qu'elle doit être à la fois vraie et complète. Toute méthode visant à faciliter la description doit donc permettre de couvrir tout ce qui est observable et de l'exprimer exactement, sans ambiguïté ; cette condition reflète le souci de maximiser le contenu informatif de la description. Dans l'absolu, une description parfaite devrait permettre de reconstituer exactement l'objet primitif ; dans la pratique, on se contente de pouvoir se faire une "bonne idée" de cet objet, surtout en ce qui concerne ses particularités. Notons que ceci implique que soient pris en compte non seulement les caractères descriptifs, mais aussi les différents liens (topologiques, relationnels, de dépendance, etc.) qui peuvent exister entre ces caractères ; car ces liens sont eux-mêmes porteurs d'information.

D'autres qualités annexes peuvent être citées, comme la clarté et la concision, valables pour tout écrit scientifique. Certains auteurs s'attachent à l'élégance du texte ; une bonne forme et un bon style ne sauraient en effet nuire à un bon contenu. Il est rarement fait cas de l'intelligibilité, qualité qui rendrait la compréhension de la description aisée même par un non spécialiste ; elle implique le recours à un vocabulaire moins technique, avec en contrepartie une