|
|
Fig. 3.2 : Mathématiciens et Naturalistes, deux points de vue différents des concepts
Ce schéma un peu caricatural demande un approfondissement dans l'étude des
raisonnements différents qu'employent ces deux catégories de personnes :
Le mathématicien a l'habitude d'utiliser un raisonnement démonstratifbasé
sur une valeur de vérité d'une propriété, exprimé par des règles rigoureuses et
clarifiées par la logique formelle. Ce type de raisonnement est sûr, à l'abri des
controverses et définitif. Inversement, le naturaliste émet des hypothèses qu'il
justifie par un raisonnement plausible. Ce dernier est hasardeux, il peut être
controversé et il est provisoire [Pólya, 1958]. Néanmoins, il est capable de
conduire à des connaissances essentiellement nouvelles sur le monde qui nous
entoure. C'est pourquoi ces deux types de raisonnement ne sont pas
contradictoires comme pourrait le laisser penser le schéma ci-dessus : ils se
complètent.
Dans le raisonnement rigoureux, l'essentiel est de distinguer une preuve d'une
présomption, une démonstration valable d'une tentative qui a échoué : c'est le
savoir démontrerdu mathématicien qui prouve la validité de ses concepts. Dans
le raisonnement plausible, l'essentiel est de distinguer une présomption d'une
autre, l'une plus raisonnable que l'autre : c'est le savoir pressentirdu naturaliste
qui suggère des classes fiables. Le mathématicien doit donc être capable de
deviner une règle ou un théorème mathématique avant de le démontrer, de même
que le naturaliste devrait être capable de prouver le bien fondé de ses règles de
classification. Il est donc faux d'opposer ladémarche d'un naturaliste à celle
d'un mathématicien comme voudrait le laisser paraître notre monde contemporain
assoiffé de démonstrations et de certitudes.
Dans cette thèse, nous nous plaçons d'abord du point de vue du
naturaliste qui considère l'extension comme son sujet d'étude.
Le premier principe de la robustesse est effectivement de bien comprendre le
domaine étudié, c'est-à-dire ici d'adopter la terminologie des systématiciens.
|
|
|