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parvenir à comprendre plus clairement la signification de l'hypothèse. Ce tableau
montre avec quelle fréquence les nombres pairs, qui s'y trouvent inscrits,
peuvent être représentés par une somme de deux nombres premiers (6 une fois
seulement, 30 trois fois). Le nombre de ces décompositions du nombre pair 2n
semble «croître irrégulièrement» avec n.
L'hypothèse de Goldbach exprime l'espoir de ne pas voir le nombre de ces
décompositions s'annuler, si loin que nous étendions le tableau.
Les cas particuliers que nous avons examinés sont de deux espèces: ceux qui
ont précédé la formulation de l'hypothèse et ceux qui sont venus après.
Les premiers ont suggéré l'hypothèse, les seconds l'ont confirmée. Ces deux
sortes de cas fournissent chacun un contact entre l'hypothèse et «les faits».
Le tableau ne fait aucune distinction entre les points de contact «suggestifs» et
ceux qui sont «confirmatifs».
Revenons maintenant au raisonnement précédent et essayons d'y déceler des
traits caractéristiques de la démarche inductive.
Ayant conçu une hypothèse, nous avons essayé de découvrir si elle était vraie ou
fausse. Notre hypothèse était une proposition de caractère général suggérée par
certains cas particuliers où nous avions remarqué qu'elle était vraie. Nous avons
par la suite examiné quelques exemples supplémentaires.
L'hypothèse s'étant trouvée être vraie dans tous les cas examinés, notre
confiance s'en trouve augmentée.
Nous n'avons, il me semble, rien fait que de raisonnable. En agissant ainsi nous
faisons confiance au principe suivant : Le crédit d'une proposition
hypothétique de caractère général augmente lorsque celle-ci a été vérifiée
sur un nouveau cas particulier.
Est-ce là le principe sous-jacent à la démarche inductive ?
4. L'attitude inductive.
Au cours de notre vie nous nous attachons souvent à des illusions. C'est-à-dire
que nous n'osons pas mettre à l'épreuve certaines de nos opinions qui pourraient
facilement être infirmées par l'expérience, parce que nous craignons de rompre
notre équilibre affectif. Il peut se trouver des circonstances où il ne soit pas
déraisonnable de s'attacher à des illusions, mais quand il s'agit de science une
attitude tout à fait différente est nécessaire, c'est l'attitude inductive. Cette
attitude nous conduit à contrôler nos opinions par l'expérience de façon aussi
efficace que possible.
Elle demande un certain goût pour les faits. Elle demande de savoir s'élever des
observations aux généralisations et de savoir redescendre des généralisations les
plus hardies aux observations les plus concrètes. Elle demande de dire «peut-
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