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Cette citation exprime très clairement la démarche d'expertise d'un domaine, que
ce soient les mathématiques, la biologie, ou un autre domaine.
Le sujet de cette thèse est : "Amélioration de la robustesse des systèmes d'aide à
la description, à la classification et à la détermination des objets biologiques". En
tant que biologiste et informaticien de formation, et étant arrivé au terme de cette
thèse, je suis très sensible à ces écrits d'un mathématicien du XVIIIèmesiècle
certainement influencé par les recherches fructueuses des systématiciens de
l'époque. Ces idées ont été reprises par G. Pólya dans son livre "Les
mathématiques et le raisonnement plausible" (1957) dont je joins en annexe le
premier chapitre sur l'induction et l'analogie en mathématiques. En découvrant
ces écrits, je suis heureux de constater que les naturalistes et certains
mathématiciens adoptent finalement la même approche pour tirer le meilleur parti
possible de leurs expériences : leur démarche commune semble basée sur
l'observation intime des faits et un raisonnement "plausible" de type inductif et
analogique.
L'expert (mathématicien ou biologiste) qui explore son domaine bâtit des
hypothèses (ou conjectures) à partir d'interprétations de ses observations qui
indiquent les relations familièresqu'il voit entre les différents objets. Aux
nombres des mathématiciens correspondent les spécimens dans une collection
pour le biologiste systématicien.
En écrivant ces relations, il aboutit à des formes de description plus ou moins
bien établies qui lui permettent de comprendre son domaine. Il peut utiliser pour
cela des manières différentes de représenter ses observations : descriptions
monographiques, dessins, photos, ces dernières étant certainement les plus
délicates pour véhiculer son expertise. Sans relâche, il confronte ses descriptions
à la réalité des nouveaux individus pour mieux les connaître. En développant sa
familiarité avec les spécimens, c'est un peu comme si l'expert utilisait les mots
de sa propre langue et était capable de «lire les spécimens» (comme le
mathématicien «lit les nombres») dans une meilleure compréhension de leur
structure [Aubé, 1991], ainsi que dans la résolution de problèmes tels que la
classification et la détermination en biologie.
Aujourd'hui, avec l'omniprésence des ordinateurs dans les laboratoires de
recherche, il devient opportun que l'informaticien coopère avec l'expert dans sa
démarche de familiarisation avec les objets de son travail journalier, en lui
procurant des outils d'aide :
1) à la modélisation de son savoir (pour structurer ses connaissances),
2) à la mise au point de descriptions d'objets comparables entre elles,
(permettant de systématiser un processus de description suivant une
même structure descriptive),
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